Dans mes projets précédents, j’ai exploré la relation de l’humanité en milieu bâti et avec le monde naturel. Dans mes nouvelles photographies, le Rapailleur revêt un nouveau rôle, celui de Semeuse, lequel ne se concentre pas sur la construction ou la préservation, mais sur le jardinage comme forme de résistance. Ce nouveau projet est une recherche alimentée par mon enquête historique des jardins et la manière dont nous percevons notre relation au monde naturel.
Laura St.Pierre est une artiste multidisciplinaire. Depuis plus de dix ans, ses installations, ses vidéos et ses photographies ont été présentées partout à travers le Canada, ainsi qu’à l’étranger. St. Pierre a obtenu un baccalauréat de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université de l’Alberta, et a complété une maîtrise en beaux-arts à l’Université Concordia à Montréal. Elle vit et travaille actuellement à Saskatoon, en Saskatchewan. Son travail fait partie des collections permanentes de la Dunlop Gallery, de Regina, du Saskatchewan Arts Board, de l’Alberta Foundation for the Arts et de la Art Gallery of Alberta. Elle s’est vue octroyer de nombreuses bourses importantes du Saskatchewan Arts Board, du Conseil des arts et lettres du Québec, de l’Alberta Foundation for the Arts et du Conseil des arts du Canada.
Jardin spectral a été fortement influencé par les écrits de Henry David Thoreau considérait la nature et la culture comme des forces distinctes, la culture ayant une influence négative sur la nature. Michael Pollan écrit : “Cette vieille idée nous a peut-être appris à adorer la nature, mais elle ne nous a pas dit comment vivre avec elle. Cela nous en dit plus que nous ne devions savoir sur la virginité et le viol, et presque rien sur le mariage.” Pollan propose que les humains aient toujours influencé et façonné le monde naturel et que sa reconnaissance soit la clé de la santé des écosystèmes. Pour Pollan, le jardin est à la fois une métaphore de cette relation et une forme concrète d’engagement.
En situant ces jardins dans le paysage urbain, mon personnage de la Semeuse soulève également des questions telles: nous vivons dans les villes, quel lien avons-nous avec le sol sous nos pieds ? Les actions des Semeuses peuvent-elles être interprétées comme une forme de résistance? Comment pouvons-nous réimaginer l’espace urbain et notre place en son sein? Faire face au changement climatique nécessitera d’importants changements économiques et culturels, et ces questions sont au cœur de ces changements.
Le projet proposait des serres-canoës illuminés qui seront déposées dans le ravin le soir du Festival Flying canoë volant.
1e étape
Après une investigation des plantes du ravin avec la communauté francophone d’Edmonton, une rencontre informelle a permis aux participants d’échanger des histoires et connaissances sur les plantes de la région. À partir de ces échanges, j’ai réécrit le compte du Canoë volant pour le relier aux canoës-serres et ainsi commencer à créer une mythologie autour des personnages des Semeuses.
Pendant la résidence, six canoës en coroplaste (plastique léger mais rigide, voir image de kayak en coroplaste ci-dessous) avec des couvertures en film de plastique ont servi de serres pour une collection de plantes sur le bord du ravin. Des branches d’arbres et arbustes caduques ont été placées dans de l’eau à la chaleur de l’intérieur pour qu’elles commencent à développer des feuilles.
Le soir du Festival, plusieurs comédiennes costumées comme « Semeuses » ont transporté les canoës-serres illuminés du quartier francophone jusqu’au ravin. Ce portage le long du ravin en chantant s’est terminé en déposant les canoës sur le bord du ravin proche du Festival. Une Semeuse est restée et s’occupait là du « jardin », les spectateurs ont pu discuter avec elle du projet et de la relecture du conte.